éditorial
2019, année charnière

«Nous continuerons à innover avec nos partenaires, à faire évoluer nos méthodes, notre gouvernance et nos structures, avec deux objectifs inchangés: placer nos client-e-s au centre de la prise en soins, maintenir en santé la population du Nord vaudois.»

Année charnière : le mot n’est pas trop fort pour qualifier l’exercice 2019 de l’ASPMAD marqué par le départ de notre directeur Yvon Jeanbourquin. Depuis 12 ans, celui-ci a porté notre Association dans une dynamique d’émancipation et de développement du maintien à domicile, inscrivant notre organisation comme un rouage essentiel dans la chaîne de prise en soins au sein d’un projet régional fort. Avec les acteurs de la santé de la région et le Réseau Santé Nord Broye (RSNB) s’est ainsi installée une culture de collaboration particulièrement vivante. 

Un nouveau directeur, une nouvelle époque
Avec l’arrivée du nouveau directeur Matthieu Reymond au 1er janvier 2020, c’est une nouvelle époque qui s’ouvre, époque de défis majeurs qu’il faut relever sans attendre. Premier défi : faire face à la multiplication des patients présentant des situations complexes alliant souvent polymorbidités, troubles cognitifs, solitude sociale et précarité économique. On attend des structures communautaires qu’elles maintiennent ces patients à domicile car ni l’hôpital ni les structures d’hébergement ne pourront les accueillir tous. Pour répondre à cette attente, nous devrons à la fois repenser nos modèles de soins, développer de nouvelles prestations, améliorer notre gouvernance, trouver la meilleure organisation pour les équipes de terrain en termes de dimension et de territoire, en continuant à promouvoir les collaborations régionales qui s’incarnent notamment dans le Pôle Régional Santé et dans le projet de fusion entre l’ASPMAD et le RSNB.

Jouer la partition cantonale
Deuxième défi : réussir cela en mettant en musique la partition cantonale. Nous devrons garder une pleine cohérence avec les responsabilités que porte l’AVASAD dans le cadre de la loi garantissant que chaque citoyen puisse accéder à un catalogue étendu de prestations et à une qualité égale de prise en charge sur tout le territoire vaudois. Un enjeu essentiel de maintien du service public face à la libéralisation du marché et à la multiplication des organisations de soins à domicile privées (OSAD).

Concurrence et nouveaux acteurs
C’est le troisième défi : cette libéralisation crée un marché où la compétition se joue entre des acteurs qui semblent offrir des services comparables mais qui n’ont pas les mêmes responsabilités et contraintes. Rappelons-le, les CMS ont l’obligation de prise en charge sur l’ensemble du territoire. Ils doivent offrir partout, et pour tous sans discrimination, des prestations d’aide et de maintien à domicile, au-delà du seul domaine des soins – citons entre autres le conseil social et l’aide à la famille. En face, les soins à domicile privés choisissent librement à la fois leur territoire, leur clientèle et les prestations délivrées. C’est une distorsion de concurrence dont on ne mesure pas toujours pleinement les conséquences, notamment lorsque certaines OSAD n’hésitent plus à adopter une communication axée sur les limites supposées des soins à domicile publics pour gagner du terrain.

Une contradiction à dépasser
Dernier défi : le resserrement du financement de nos activités. Nous faisons face à la fois aux attentes de l’Etat, qui demande aux organisations de soins de participer activement à contenir les dépenses de santé, comme à celles des assureurs, qui ont mis en place des stratégies de contestation systématique des hauts volumes de prestations. La justification de nos factures et la défense du remboursement de soins apportés aux patients les plus dépendants génèrent un travail administratif coûteux en personnel comme en énergie.

Or, cette pression poussant à limiter les coûts s’accentue au moment même où, comme dit plus haut, nous affrontons toujours davantage de situations lourdes et complexes dues au vieillissement de la population. Il y a là une contradiction qui, sur le terrain, met en tension les équipes de soin et de gestion. Nous la dépasserons en continuant à innover avec nos partenaires, à faire évoluer nos méthodes, notre gouvernance et nos structures, avec deux objectifs inchangés : placer nos client-e-s au centre de la prise en soins, maintenir en santé la population du Nord vaudois.

Aude Bonnard, Présidente
Cédric Roten, Vice-Président