Santé et maintien à domicile:
quel rôle pour les communes?
La vision de deux de nos partenaires

Luis Villa

Directeur de la Fondation Saphir

Yves Kühne

Directeur du Réseau Santé Nord Broye

Le Réseau Santé Nord Broye et la Fondation Saphir, en tant que partenaires essentiels du système de santé dans notre région, entretiennent un dialogue continu avec les autorités communales. Nous avons demandé à leurs responsables respectifs comment ils voyaient ce partenariat.

En tant qu’acteurs importants de la santé dans le Nord vaudois, comment définiriez-vous votre relation avec les communes?

Yves Kühne. A leur demande (voir l’interview de trois élu-e-s à ce sujet), nous les avons associées aux discussions qui ont mené au projet de fusion entre l’ASPMAD et le RSNB – Réseau Santé Nord Broye. Pour nous aussi il était important de les impliquer dans le processus. Car la fusion projetée n’est pas une fin en soi : elle vise à donner un outil permettant d’innover pour travailler ensemble dans le maintien en santé de la population. Cette « responsabilité populationnelle » est l’affaire de tous. Ainsi, même s’il est à noter que les communes ne seront plus partie prenante dans le financement des soins à domicile, il est capital qu’elles restent dans la gouvernance du système. 

Luis Villa. C’est d’autant plus vrai que les municipaux-ales sont souvent aussi député-e-s et qu’ils-elles peuvent donc être des relais au niveau cantonal. Pour la Fondation Saphir, les communes sont des partenaires essentiels car nous avons beaucoup de projets immobiliers. Or, nous construisons la plupart du temps sur des terrains communaux mis à disposition en droit de superficie. Il s’agit de dialoguer en permanence, non seulement pour trouver des solutions mais aussi pour anticiper les besoins : il peut s’écouler plusieurs années entre la décision de construire un EMS et son inauguration.

Yves Kühne. Ce dialogue entre les acteurs est également indispensable lorsqu’on veut créer des permanences régionales ou de petits « centres santé-social » comme à Vallorbe où sont réunis dans le même bâtiment un cabinet médical, le CAT Turquoise de la Fondation Saphir et les soins à domicile.

Luis Villa. C’est le même scénario à Orbe où il est prévu de mettre une permanence médicale des eHnv au bas de la ville avec une antenne des soins à domicile. La Fondation Saphir pourrait y intégrer le CAT Le Verger et peut-être la Colocation Topaze. Ces nouveaux modèles de prise en charge et de prise en soins à l’échelle micro-régionale sont destinés à se multiplier à l’avenir. 

Voyez-vous d’autres cas où les communes ont ou auront un rôle important à jouer?

Yves Kühne. Les communes sont susceptibles d’avoir une influence décisive dans la relève des médecins de famille qui prennent leur retraite : elles peuvent se rendre attrayantes en facilitant l’installation d’un jeune praticien ou d’un nouveau cabinet de groupe.

Luis Villa . Dans ce domaine, une action est possible en amont comme le montre le programme Forum pour les médecins-assistants; l’idée est qu’ils passent non seulement à l’hôpital et en cabinet, mais aussi en EMS et qu’au terme de leur formation ils s’installent dans la région et s’intéressent à la gériatrie ; une réponse locale au vieillissement de la population.

Yves Kühne. Si on pose la question en termes de santé populationnelle globale, l’action des autorités communales peut prendre des formes extrêmement diverses : créer des quartiers cohérents et conviviaux, de la mobilité douce, du lien social pour les personnes isolées, handicapées ou malades. C’est une vision qui va bien au-delà des seules prestations de soins.