Santé et maintien à domicile:
quel rôle pour les communes?
La vision de trois responsables communaux

En avril 2018, à la suite de la présentation du projet de fusion entre l’ASPMAD et le RSNB, il a été proposé aux municipaux-ales de notre région de faire partie d’un groupe de travail pour mieux comprendre les mécanismes et les enjeux de cette fusion. 14 personnes se sont annoncées spontanément. Nous avons demandé à trois d’entre elles ce qu’elles avaient retiré de l’expérience et comment elles voyaient le rôle des communes dans les soins à domicile et le système de santé vaudois.

De gauche à droite : Anne Maradan, municipale des affaires sociales et des écoles à Mutrux (169 hab.); Olivier Petermann, syndic et responsable des affaires sociales de Lignerolle (440 hab.); Mélanie Crausaz, municipale des affaires sociales et des écoles à Bavois (1000 hab.).

Mélanie Crausaz, vous avez proposé de constituer le « Groupe de travail pour la fusion de l’ASPMAD et du Réseau Santé Nord Broye (GT) ». Quel était l’objectif?

M. Crausaz. Notre système de santé est complexe. Lorsque nous avons pris connaissance du projet de fusion, je me suis aperçue qu’il était difficile d’en décrire les mécanismes et les bienfaits attendus, tant auprès de mes collègues que de la population. La vocation du GT était donc de clarifier et d’expliquer.

Qu’avez-vous retiré de votre participation?

O. Petermann. A Lignerolle, j’ai repris les affaires sociales il y a un an et demi seulement. Je ne connaissais vraiment ni le rôle ni le fonctionnement du Réseau Santé Nord Broye. Grâce aux informations reçues et partagées dans le GT, j’ai pu présenter un rapport circonstancié sur la fusion devant l’Assemblée des syndics du district qui se réunit deux fois par an. J’ai ainsi joué un rôle de relais auprès de mes collègues. C’est essentiel pour que l’information se diffuse au-delà du cercle des professionnels de la santé.

M. Crausaz. Nous avons mieux mesuré l’importance de la continuité de la trajectoire de soins entre l’hôpital, le domicile et l’hébergement. La qualité de la prise en charge dépend de sa cohérence, et c’est ce que veut promouvoir la nouvelle structure.

Quel rôle peuvent tenir les communes dans le système de santé?

A. Maradan. Notre rôle est d’abord d’informer, par exemple sur la complexité de la planification des soins à domicile, et aussi sur les nouveautés du système comme les permanences qui offrent une alternative aux services d’urgence.

O. Petermann. C’est important auprès d’une population jeune qui s’informe de moins en moins par les canaux traditionnels de la presse et des journaux télévisés et que l’on peut toucher le cas échéant par une lettre d’information communale adressée à chaque citoyen.

A. Maradan. Notre champ d’action est aussi une question d’échelle. Dans une ville d’importance moyenne, la municipalité sera un partenaire clé dans la création d’infrastructures – permanences, CAT, Maisons de santé, EMS, etc. Dans une petite commune comme la mienne, notre rôle est surtout de favoriser les démarches individuelles qui créent du lien, dans l’esprit des « villages solidaires ». C’est très concret : par exemple, des enfants du village font leurs devoirs chez une institutrice à la retraite et en échange vont porter ses poubelles à la déchetterie.

M. Crausaz. A Bavois, nous organisons des cafés-contacts, des thés de Noël, des visites à domicile ou des sorties en car pour les personnes âgées qui occupent nos appartements protégés. Ce type d’activités doit être accessible aux personnes qui n’ont plus la possibilité de se déplacer. C’est un enjeu crucial dans les villages où le lieu de convivialité traditionnel – le café-restaurant – a souvent disparu.

O. Petermann. Des études ont montré que l’état de santé d’une population dépendait beaucoup de la qualité de son environnement social et de son vivre-ensemble. C’est sans doute dans ce registre qu’à long terme notre action sera la plus décisive.