Ressources humaines
Plusieurs chantiers et une préoccupation

Julien Rosselet

Responsable du Service RH

Travail sur les processus RH, leur pertinence et leur plus-value, réflexion sur le redimensionnement des équipes : les chantiers n’ont pas manqué en 2019 pour le service de Julien Rosselet. Il a choisi de s’exprimer cette année sur le transfert des collaborateurs vers les pôles de Sainte-Croix et de la Vallée et sur l’absentéisme, une question préoccupante dans l’ensemble du canton.

Quel a été et quel sera le rôle du service RH de l’ASPMAD dans le transfert de collaborateurs-trices vers le Réseau Santé Balcon du Jura (RSBJ) et le Pôle Santé Vallée de Joux (PSVJ)?
En plus des tâches administratives liées au transfert des rapports de travail, je soulignerais surtout deux questions : la comparaison des règlements internes et leur mise en commun, et la gestion des caisses de pension différentes entre les deux employeurs. La caisse de pension des CMS donne la priorité aux prestations : c’est la situation à la fin de la carrière qui détermine le niveau de la rente. Celles des hôpitaux et des deux Pôles santé mettent l’accent sur l’« avoir vieillesse », c’est-à-dire l’ensemble des cotisations payées tout au long de la carrière. Selon les parcours, on peut être avantagé ou désavantagé en passant d’une logique à l’autre. Afin que personne n’y perde (c’était une promesse formelle du Conseil d’Etat), il a été décidé que les collaborateurs actuels des CMS concernés resteront dans leur caisse de pension.
Concernant les règlements internes, nous avions la chance que tous les collaborateurs se trouvent déjà sous le régime de la CCT sanitaire du secteur parapublic vaudois. La colonne vertébrale était donc la même. Mais le diable se cache dans les détails et nous avons comparé point à point les pratiques de part et d’autre. Par exemple, pour les CMS, on y trouve des dispositions extrêmement détaillées sur le temps de travail, les déplacements, le forfait accordé si un collaborateur fait la lessive du client, etc. – toutes questions non pertinentes dans un service hospitalier. Il a donc fallu « ajuster » et admettre qu’un article de la CCT pouvait être appliqué de façon différente selon les acteurs concernés.

De quelle manière la facturation et les salaires seront-ils gérés en 2020?
Aujourd’hui, les systèmes informatiques sont séparés entre les employeurs, mais nécessaires à l’activité de chaque secteur. Pour l’instant, ni le RSBJ ni le PSVJ n’ont les moyens de créer un nouveau système qui réplique tout cela. Le personnel des soins à domicile doit ainsi rester dans l’environnement informatique de l’ASPMAD. Pendant une période de transition, nous allons donc continuer à gérer les salaires et la facturation pour les deux pôles. Nous agirons en quelque sorte comme une fiduciaire faisant de la sous-traitance RH.

Vous faites face, comme ailleurs dans le canton, à un taux élevé d’absentéisme (autour de 9 %) parmi votre personnel (951 personnes, 617.1 EPT). Quelles sont les causes et les conséquences de ce phénomène?
Sans parler de l’aspect financier, l’impact le plus grave est observé dans la planification des tournées sur le terrain. Trop d’absences forcent les responsables d’équipe et les planificateurs-trices à constamment réorganiser ces tournées ; il faut dépanner, remplacer, déplacer des prestations, ce qui entraîne une surcharge pour tout le monde – et souvent un sujet de mécontentement pour les clients. C’est un cercle vicieux : plus il y a d’absences, plus la charge de travail et la fatigue augmentent… et plus il y a d’absentéisme.
A ce phénomène, on peut trouver des causes générales (situations lourdes, complexification des normes et des processus métiers), mais il faut distinguer trois types d’absences bien différentes :

  • Celles liées aux circonstances normales de l’existence (infections, grippes, grossesses, etc.) ne sont pas en elles-mêmes préoccupantes – elles sont les mêmes partout. Face à cela, nous apportons du soutien dans le suivi et l’organisation de la reprise du travail.
  • Celles qui proviennent d’affections directement liées aux métiers (notamment les troubles osseux et musculaires) font l’objet d’une attention particulière, dans le registre de la prévention comme dans la réorientation des personnes très touchées.
  • Celles enfin qui proviennent d’une tension psychologique ou d’une insatisfaction par rapport à l’environnement de travail relèvent de facteurs qualitatifs moins faciles à identifier. Pour désamorcer ce type de situations, les responsables d’équipe ont un rôle clé. En prenant le temps d’écouter, de rassurer, de motiver les collaborateurs qui se trouvent dans une période de doute, de fatigue ou de fragilité. Mais justement, c’est souvent le temps qui leur manque le plus ! Par ailleurs, pour des raisons financières qui ont leur pertinence, on nous demande de limiter au maximum les postes de gestion comme les leurs. Nous nous trouvons là devant une contradiction qu’il n’est pas facile de dépasser, et nous y travaillons d’arrache-pied.

DIAGNOSTIC RH

Suite à l’enquête de satisfaction menée entre octobre 2018 et janvier 2019 auprès des collaborateurs de l’ensemble du dispositif, un retour transparent et complet leur a été communiqué. Ceux-ci ont été invités à créer et s’inscrire à des groupes de discussion, afin de travailler sur des sujets sélectionnés par vote.
Dans le Nord vaudois, 169 propositions émanant de 28 groupes ont été présentées à fin juin par les représentants de la Commission du Personnel à la Direction de l’ASPMAD. Les collaborateurs ont été informés des propositions retenues, dont les premières ont été implémentées sur la dernière partie de l’année.
Début 2020, ces propositions sont travaillées conjointement entre l’encadrement de chaque CMS, la Commission du Personnel et le Service des Ressources Humaines, ce qui permet une mise en place coordonnée des propositions d’amélioration.
La prochaine étape consiste à assurer le suivi de la bonne implémentation et du succès des propositions au fur et à mesure de leur réalisation, ainsi qu’à inscrire l’ensemble dans un mouvement d’améliorations continues.